Ce mardi 18 décembre se tenait une conférence de l’IDDRI (Institut du Développement Durable et des Relations Internationales) sur le bilan de la COP24 ; les trois intervenants suivants ont présenté les résultats de la COP sur le climat :
- Daniel Buira, conseiller AILAC (Association Indépendante Amérique latine et Caraïbes pour le Changement climatique) ;
- Lola Vallejo, directrice du programme Climat de l’IDDRI ;
- Henri Waisman, chercheur du programme Climat de l’IDDRI et auteur coordonnateur du dernier rapport du GIEC.
Le président désigné de cette COP, Michał Kurtyka, Secrétaire d’État au Ministère de l’Energie en Pologne, a soutenu les négociations des délégués de 200 pays sur les thématiques suivantes :
- Les modalités d’application et d’implémentation de l’Accord de Paris, visant à limiter le réchauffement climatique, sous le seuil des +2°C par rapport à l’ère préindustrielle, il y a 150 ans ;
Les conclusions et le développement du Dialogue de Tanaloa, méthode conçue pour aider les pays à mettre en œuvre et à améliorer leurs contributions déterminées au niveau national d’ici 2020 ; grâce à ce dialogue, les acteurs non étatiques sont ainsi en mesure de participer activement et de soumettre leurs idées sur la façon dont les gouvernements nationaux peuvent améliorer leurs cibles de réduction des émissions.
La principale controverse de cette COP portait sur la mention du dernier rapport du groupe des experts scientifiques de l’ONU (Giec), étudiant l’hypothèse d’un réchauffement limité à seulement +1,5°C en 2030. Contribution majeure au Dialogue de Talanoa, ce texte n’a pas été ‘accueilli favorablement’ par l’Arabie Saoudite, les États-Unis, le Koweït et la Russie, et a ainsi seulement été ‘noté’ dans la décision finale. L’acceptation du rapport du Giec par l’ensemble des autres gouvernements en si peu de temps est tout de même une évolution positive à noter.
La conférence de Katowice s’est ainsi concentrée sur l’objectif principal fixé à Paris, à +2°C. Il implique déjà une multiplication par trois des efforts mondiaux sur les émissions selon le Programme environnement de l’ONU.
La question des financements des politiques climatiques était également très présente : suite à la promesse du Nord de monter des fonds à partir de 2025, les pays en développement ont demandé le don de financements, tandis que les pays développés débattaient sur la « différenciation » entre pays développés et en développement, leur permettant de de ne plus baser les engagements des pays sur leurs émissions passées mais sur leurs émissions actuelles. Rappelons que le soutien financier promis aiderait les pays en développement à réduire leurs émissions, à s’adapter aux changements inévitables comme l’élévation du niveau de la mer et à payer les dommages déjà causés.
Le Dialogue de Tanaloa, bilan mondial des efforts collectifs d’atténuation des émissions, a permis l’évolution et l’amélioration des ambitions quant aux contributions prévues déterminées au niveau national (INDC), plans d’action climat nationaux.
Cependant, l’ONG Climate Carbon Tracker (CAT) spécialisée dans le suivi des émissions des Etats, déplore qu’en l’état actuel, les annonces de révision ne permettent de réduire la hausse des températures mondiales que de 0,3°C (soit de 3,3°C à 3°C, le double de l’objectif de l’Accord de Paris).
En pleine crise des « gilets jaunes » en France, de nombreux participants à la COP ont appelé à une « transition juste » vers une économie bas-carbone, pour l’ensemble de la société. La décision finale prend simplement « note de la Déclaration de Silésie » portée par les Polonais, « qui reconnaît la nécessité de prendre en compte les impératifs d’une transition juste pour la population active ».
Concernant les systèmes de limitation des émissions, la grande problématique résidait dans l’incertitude liée au double comptage dans la coordination des marchés liés au carbone : les règles des mécanismes d’échange de quotas d’émissions carbone ont bloqué, le Brésil menant la contestation. Ces systèmes seront donc étudiés lors de la pré-COP au Costa Rica et seront définis lors de la COP25 prévue fin 2019, au Chili.
Après deux semaines de négociations délicates en Pologne, les États ont ainsi fait des progrès dans leur politique du climat, en adoptant les règles de mise en œuvre de l’accord de Paris, mais manquent toujours de compréhension de la crise actuelle, sachant que le Giec donne seulement 12 ans pour agir. Pour Lola Vallejo, directrice du programme Climat de l’IDDRI, le problème réside dans la déconnection des politiques avec le temps : « chaque année compte, chaque choix a son importance ».
« L’approbation du programme de travail de l’accord de Paris est la base d’un processus de transformation qui demandera une ambition renforcée de la part de la communauté internationale. La science a clairement montré que nous avons besoin d’ambition accrue pour battre le changement climatique », a déclaré Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU.
Un commentaire
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Tina92
Bonjour,
On nous parle toujours des problèmes … mais jamais d’Economie Bleue et des solutions géniales expérimentées un peu partout dans le monde par les chercheurs de Gunter Pauli :
Ses interventions et ses livres sont pourtant passionnant et remplis d’espoir!
Merci à ceux qui me lisent de se renseigner 🙂